27

Cinq jours après la bataille d’Ebaq, Luke Skywalker rencontra Cal Omas. Le Chef de l’Etat avait passé les quelques semaines qui avaient précédé les affrontements à bord du super destroyer stellaire Gardien, à voler incognito entre les systèmes. Le Gardien avait fini par rejoindre la flotte de Kre’fey sur Kashyyyk.

— J’en avais le cœur dans la bouche ! s’exclama Cal Omas. J’étais assis là, impuissant, à observer les combats. Je voulais tant faire quelque chose ! J’étais tellement tenté de donner des ordres !

— Merci de vous en être abstenu, dit Luke en souriant. C’est bien souvent notre principal problème, trop de voix donnant trop d’ordres en même temps.

— A qui le dites-vous ! dit Cal, fronçant les sourcils. Voulez-vous vous asseoir ?

Le destroyer stellaire était doté d’un salon réservé aux officiers qui semblait occuper la moitié d’un terrain d’hoverball. Il était meublé avec goût et parfumé de nombreuses fleurs, cultivées par les jardiniers du bord, et placées en bouquets dans de grands vases.

Cal et Luke s’installèrent dans de confortables fauteuils et le Chef de l’Etat demanda à un steward de leur apporter des rafraîchissements.

— J’ai réfléchi au gouvernement et à la façon dont nous pourrions améliorer certaines choses, dit-il. L’urgence de la guerre nous fait temporairement bénéficier d’un sentiment d’unité mais, lorsque le Sénat se rendra compte que nous sommes sur le point de gagner, ses membres vont absolument vouloir mettre la main sur le butin !

Luke hocha la tête.

— A quelle solution pensez-vous ? demanda-t-il.

— Persuader les différentes planètes d’élire des sénateurs plus compétents, plus responsables, peut-être ? demanda Cal tout doucement.

Puis il éclata de rire en constatant l’absurdité de sa suggestion.

— Vous avez une autre idée, non ?

Cal hocha la tête à son tour.

— Dans un premier temps, confiner le Sénat à sa sphère d’activités : légiférer, superviser et ne pas s’occuper du quotidien administratif. Un service judiciaire réellement indépendant devrait aider à mettre au point leurs éventuelles mesures les plus ambitieuses. Un nouveau système fédérateur qui définirait exactement les limites et les différents régimes en cours sur les nombreuses planètes.

— Une nouvelle constitution, donc…

Cal lui adressa un petit sourire pincé.

— J’ai même commencé à imaginer des noms. La République Galactique Fédérale. La Fédération Galactique des Alliances Libres. (Il fronça les sourcils.) Pensez-vous que ce soit possible ?

— Je pense qu’un Chef d’Etat qui vient de remporter une guerre face à un ennemi implacable doit pouvoir gagner la confiance de ses sénateurs et de son peuple.

Le sourire de Cal s’estompa.

— Je devrais peut-être me mettre tout de suite au travail pour la gagner, alors, cette confiance.

Ce qui les entraîna vers l’objet initial de leur rencontre. Luke regarda Cal Omas droit dans les yeux et déclara :

— La gagner avec Alpha Rouge ?

Cal eut soudain l’air lugubre.

— Non, non, non, dit-il. Pas maintenant. Je ne m’en servirai qu’en tout dernier recours.

— Merci, Monsieur, dit Luke en hochant la tête.

Luke fut donc en mesure d’assurer à Jacen qu’Alpha Rouge avait été temporairement mise au rebut lorsqu’ils eurent enfin le temps de discuter seul à seul. Jacen avait été secouru quelques heures après la fin de la bataille, mais il avait passé quelques jours avec ses parents. De son côté, Luke avait été trop occupé pour s’entretenir avec le jeune homme.

Jacen avait regagné ses quartiers à bord du Ralroost. Les coursives du vaisseau retentissaient des coups de marteau pneumatique et des sifflements des torches de soudure alors qu’on procédait aux réparations des dégâts essuyés pendant l’affrontement. Jacen semblait un peu reposé et en meilleure forme. Il avait repris du poids, ses yeux étaient vifs et il avait enfin impeccablement taillé sa courte barbe.

— Mais Alpha Rouge existe toujours, dit Jacen.

Il avait courtoisement laissé l’unique chaise à Luke et s’était assis en tailleur sur sa couchette étroite.

— C’est le genre de chose qu’on ne peut pas laisser dormir, répondit Luke.

Jacen secoua la tête et fronça les sourcils en observant le plancher de sa cabine.

— « J’ai peur que tu ne sois guère expérimenté en matière de dépravation »… marmonna-t-il.

— Je te demande pardon ?

Jacen releva les yeux.

— Non, rien… C’est quelque chose que m’a dit Vergere une fois, sous-entendant que j’avais encore beaucoup à apprendre.

— Vergere pensait que le savoir était la réponse à tout, dit Luke.

— Et c’est faux ?

Luke réfléchit quelques instants.

— J’accorde plus de valeur à la compassion qu’au savoir, dit-il. Mais j’espère ne jamais avoir à faire le choix entre les deux.

— J’ai aussi choisi la compassion, dit Jacen. La compassion pour Jaina l’a emporté sur le fait de savoir que mes tentatives pour la sauver étaient probablement vouées à l’échec.

Luke essaya d’analyser le ton de son neveu, s’attendant à y découvrir une pointe d’amertume. Mais il ne perçut rien. Jacen avait apparemment accepté ce qui s’était passé et accepté son propre comportement face à la situation.

— Et Vergere a également choisi la compassion, reprit Jacen. La compassion pour moi. Elle a donné sa vie pour sauver la mienne.

— Elle a pensé que ta vie valait la peine d’être sauvée, répondit Luke. J’en suis également persuadé.

Jacen releva vivement la tête.

— J’espère que tu n’auras jamais à te sacrifier pour moi, dit le jeune homme.

Luke sourit.

— Disons qu’il s’agit là d’un autre choix que j’espère ne jamais être obligé de faire.

Jacen détourna les yeux.

— Vergere a dit que les vieux devaient céder leur place aux jeunes.

— Vous représentez le futur de l’Ordre Jedi, dit Luke. Jaina, Tahiri, toi et les autres. Quand le temps sera venu, je te laisserai également ma place.

Jacen eut l’air songeur.

— Quand le temps sera venu… dit-il. (Il gratta sa barbe brune, reposa ses mains sur ses genoux et les observa, un peu ennuyé. Puis il releva les yeux vers son oncle.) Tu crois qu’il est possible que les conséquences de cette guerre soient totalement différentes de celles de… de ta guerre, celle que tu as menée contre l’Empire ?

— Comment cela ?

Une équipe de droïdes de réparation fit du bruit derrière la porte de la cabine. Il attendit que le fracas cesse avant de reprendre :

— Ta guerre… C’était entre la lumière et les ténèbres. Maman et toi contre Vador et l’Empereur. Mais cette guerre… (Il hésita.) En dépit de tout le mal qu’ils commettent, nos ennemis ne sont pas totalement malfaisants. Ils sont extérieurs à la Force. Alors, pour les combattre, nous devons étendre le champ de la Force. Nous devons l’étendre au-delà du bien et du mal, de la lumière et des ténèbres, des humains et des Yuuzhan Vong… (Il secoua la tête et éclata de rire.) Je raconte des bêtises… Etendre le champ de la Force. Mais la Force englobe déjà toutes les choses vivantes.

— Peut-être que nous n’avons pas besoin d’étendre la Force, comme tu le dis, répondit Luke. Mais, tout simplement, d’élargir notre propre conception de la Force.

Jacen rit à nouveau puis s’interrompit. Son visage redevint sérieux.

— Elargir nos idées à propos de la Force ? Comment peut-on y parvenir ?

Luke se leva de sa chaise et, avant de sortir de la cabine, posa la main sur l’épaule de Jacen.

— S’il y a quelqu’un qui peut y parvenir, Jacen, dit-il, c’est bien toi !

 

Jaina quitta Ebaq Neuf huit jours après la bataille. Les entrailles de la lune étaient toujours chaudes, mais elle fut protégée des radiations en se laissant transporter par les droïdes élévateurs à bord d’un caisson blindé de plomb.

Elle avait insisté pour être la dernière à sortir. Après la bataille, elle avait retrouvé les pilotes qu’elle avait envoyés à l’abri dans un corridor secondaire et ils avaient tous passé la semaine à l’intérieur de la tente pressurisée. Mais ils n’avaient pas grand-chose à faire, sous cette tente, sinon discuter, jouer au sabacc ou bien dormir. De temps en temps, un droïde MD venait changer les pansements au Bacta de Lowbacca. Jaina voulut d’abord se rebeller contre le manque d’activité et cette vie non structurée, elle qui était habituée aux longues journées passées à l’entraînement, à l’étude ou à l’instruction. Elle aurait tant aimé faire quelque chose…

Mais elle n’avait aucun moyen de se rendre utile. Petit à petit, la tension s’estompa et elle commença à se détendre. Elle se joignit aux autres Jedi pour des séances de méditation, dans un premier temps pour aider Lowie à se soigner, et puis parce que c’était, pour tous, la seule façon de rester en contact avec l’univers extérieur à la tente. Par le truchement de la Force et du lien mental, elle souhaita bonne route à ses amis qui quittaient le système d’Ebaq. La flotte de Kre’fey avait été rappelée pour assurer la défense de Kashyyyk, et celle de Garm Bel Iblis devait rejoindre Fondor. Bientôt, les seules présences amicales dans le système furent celles des membres de l’escadron de l’Alliance des Contrebandiers, dirigé par son père. Un escadron qui avait perdu la moitié de ses effectifs en empêchant l’ennemi de la poursuivre, elle.

Elle… Tant de gens avaient trouvé la mort pour qu’elle puisse avoir la vie sauve… Les amis de son père, Vale, trois autres pilotes de l’Escadron des Soleils Jumeaux, Vergere… Elle ne savait plus bien quoi penser… Alors, elle s’absorba dans la méditation, se relaxa et s’ouvrit totalement à l’univers. A ses gloires, ses plaisirs, ses douleurs et ses peines. Quand il lui arrivait de rire avec les autres, elle sentait son cœur se briser et devait souvent tourner la tête pour dissimuler ses larmes. Tant de gens étaient morts pendant la guerre, il y en avait tant à pleurer…

Pour elle, l’insulte finale se produisit quand on la transporta dans le caisson blindé, comme un vulgaire paquet. Elle émergea de la caisse dans la soute du Faucon Millennium au milieu d’un tonnerre d’applaudissements. Elle cligna des yeux pour s’habituer à la luminosité, sortit de la caisse et ôta maladroitement le casque intégral de sa combinaisons pressurisée. Devant elle se tenaient ses parents, Jacen, les huit pilotes survivants des Soleils Jumeaux, Kyp Durron et de vieux amis comme Talon Karrde, Booster Terrik et Lando Calrissian. Soudain, tous lui parurent précieux au-delà des mots. Jaina fit le tour de la salle et les embrassa un par un. En s’approchant de Jacen, elle perçut ce lien unique qui l’unissait à son frère jumeau. Des souvenirs d’amitié et d’amour chantèrent dans son cœur, effaçant momentanément tous les tracas. Son père, qui avait lui-même du mal à contenir ses pleurs, mit la main dans la poche de sa veste et en sortit deux superbes insignes flambant neufs.

— L’Amiral Kre’fey a décidé de te donner une promotion, annonça-t-il. Félicitations, Lieutenant Colonel Solo !

— Merci. (Elle posa les yeux sur l’insigne que portait Han sur sa veste civile et salua.) Merci, Général !

Han lui rendit son salut, arborant en même temps son sourire le plus dévastateur. Puis Jaina se tourna vers sa mère, qui se tenait à côté de Han. Leia ouvrit les bras et Jaina s’y précipita, enfouissant son visage dans le cou de sa mère. La crédibilité de mon sens de la discipline risque d’en prendre un coup… songea-t-elle.

Leia lui caressa les cheveux.

— Bon, et maintenant, tu vas les prendre, ces vacances ? demanda-t-elle.

Jaina laissa échapper un rire, mais elle sentit les larmes lui monter aux yeux.

— Tu sais quoi ? balbutia-t-elle. Ce n’est pas idéal d’être le Sabre des Jedi !

 

Son corps se raidit au souvenir de la douleur. Des images d’aiguilles et de griffes acérées comme des lames flottèrent dans son esprit. Il se rappela le déchirement des nerfs, les os crissant les uns contre les autres, comment le sang s’écoulait lentement de la blessure. Il frissonna. Pourquoi cela s’était-il produit ? Pourquoi ? Il n’avait jamais fait de mal à personne.

Il ouvrit les yeux en entendant un bruit. Devant lui se tenait une créature flétrie, dont la bouche torturée arborait une expression de mépris.

— Vos invités sont arrivés, Ô Suprême.

A ces mots, Shimrra sentit le pouvoir affluer en lui, recouvrant ainsi sa majesté, sa présence, son sens du commandement. Il se redressa sur son trône couvert d’épines, installé à l’extrémité du Grand Hall des Confluences aux immenses colonnes d’os blanchis. Ses sujets attendaient de l’autre côté des vastes portes. Il pouvait les y détecter, sentir la faible activité de leurs esprits minables.

Shimrra observa le petit être défiguré qui se tenait devant lui. Onimi.

— Qu’on ouvre les portes, dit-il.

Les quatre portes s’ouvrirent avec lenteur et les quatre castes, précédées de leurs chefs respectifs, rejoignirent leur place en silence. Onimi alla s’asseoir sur la marche la plus basse du trône de Shimrra et adopta un air maussade.

Shimrra sentit un pressentiment poindre chez tous ses subalternes. Tous pensaient que la défaite d’Ebaq Neuf était un désastre dont les Yuuzhan Vong ne se remettraient jamais. Les couards… pensa-t-il. Il devrait corriger ces idiots, leur redonner des forces.

Il se leva pesamment de son trône et se dressa, dans sa tenue grise et parcheminée, devant ses sujets. Il projeta sa présence dans les esprits de ses auditeurs et se mit au travail sur leurs émotions, afin de les conduire à la frénésie.

— Les dieux ont testé leurs serviteurs ! tonna-t-il. Ils ont autorisé une trahison de l’ennemi, entraînant ainsi la perte d’une de nos flottes !

L’un des guerriers se prosterna devant lui.

— Donne-nous tes ordres, Ô Suprême.

— Nous devons rendre gloire aux dieux de nous avoir donné cette chance de prouver notre pureté et notre dévouement ! gronda Shimrra. Qu’on double le nombre des sacrifices ! Que les hérétiques soient pourchassés et punis ! Que nos prières montent de chacun de nos temples jusqu’aux dieux !

— Il en sera comme vous le souhaitez ! lança le Grand Prêtre Jakan, levant les poings vers le ciel.

— Que les guerriers redoublent de vigilance ! Chaque faux pas est une trahison ! Que les commandeurs planifient de nouvelles offensives et de nouvelles victoires ! Que l’on fasse couler le sang des infidèles !

Les guerriers clamèrent leur approbation et levèrent leurs bâtons Amphi en guise de salut.

— Qu’on me retrouve le traître Nom Anor ! proclama Shimrra. Qu’il soit dépecé et que ses os soient réduits en poussière !

Quelque temps après l’audience, Shimrra, resté seul avec son familier, se laissa tomber sur son trône. Onimi se leva de sa marche et rejoignit son maître en lançant un regard méprisant à l’autre bout du hall.

— Quels imbéciles ! dit-il. Mais nous n’avons pas d’autre choix que de nous servir d’eux, n’est-ce pas ?

Shimrra ne répondit rien. Ses yeux étaient clos.

La voix d’Onimi se fit pensive :

— Nous avons commencé cette guerre. Désormais nous devons nous battre et espérer que les choses vont s’arranger. (Il frissonna.) Vous avez trahi les dieux, vous les avez utilisés. Peut-être sont-ils en train de vous trahir en retour ?

Shimrra ne répondit rien.

— Pourtant, il se peut que Nen Yim parvienne à accomplir le Huitième Cortex, dit Onimi, songeur. Elle a besoin de temps. Peut-être faudrait-il augmenter ses ressources ?

Shimrra garda le silence. Ses narines balafrées frémissaient à chacune de ses lourdes respirations. Onimi pencha sa drôle de tête déformée de côté.

— Vous ne trouvez pas ça drôle, Ô Suprême ? demanda-t-il. Nous avons parié et nous avons perdu. Nous sommes sur le point de doubler la mise et de parier à nouveau, sachant que les probabilités de perdre sont de plus en plus grandes. Il y a franchement de quoi rire, hein, Seigneur Shimrra ?

Onimi rejeta la tête en arrière et éclata de rire – un cri de gorge, très strident, qui retentit jusqu’au haut plafond de la grande salle.

Shimrra prit une longue inspiration et rit à son tour. Un fracas sinistre et grave qui fit trembler toutes les pointes de son trône. Et les rires redoublèrent, en basse, en aigu, glissant le long des murs chitineux, remontant le long des colonnes d’ossements jusqu’à la voûte majestueuse de la salle, une salle construite comme l’immense gueule d’une créature carnivore, une créature qui dévorait tous ceux qui osaient s’approcher d’elle…

La voie du destin
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